« La Nuit est belle », mise sur pied en mai 2021, a permis à la population d’exprimer son avis sur cette expérience d’extinction de l’éclairage public le temps d’une soirée.
Le processus participatif a mis en lumière les défis liés l’éclairage nocturne ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour diminuer son incidence sur l’environnement et la qualité de vie des habitants. Les SID poursuivent en parallèle et sans attendre l’assainissement de l’éclairage public avec la 2e étape du projet « Voie lactée ».
Il y a quasiment une année jour pour jour, la Ville de Delémont éteignait l’éclairage public entre 22h et minuit lors de l’action « La Nuit est belle ». Cet événement, qui s’inscrivait dans le cadre de la Fête de la Nature, visait à sensibiliser l’ensemble de la population aux impacts négatifs de la pollution lumineuse sur la biodiversité mais également sur la santé des personnes.
Dans la foulée, les Services industriels de Delémont (SID) ont lancé un processus participatif de réflexion auprès des Delémontaines et des Delémontains qui ont pu exprimer leur avis sur l’extinction de l’éclairage public à travers un sondage effectué en juillet dernier. Parmi les personnes questionnées, 35% d’entre elles étaient favorables à une réduction, voire à une extinction totale de ce dernier à certaines heures, alors que 52% préféreraient l’option d’une réduction partielle.
En septembre, un webinaire a ensuite permis d’aborder les divers thèmes liés à cette problématique, en présentant notamment les expériences réalisées par la Ville de Genève. Enfin, deux ateliers participatifs ont été mis sur pied en novembre 2021, auxquels ont participé une trentaine de personnes issues d’associations culturelles ou sportives, dont, par exemple, la section jurassienne de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants. Plusieurs réflexions ont découlé de ces ateliers, qui ont entre autres mis en avant la nécessité de mettre en place une réduction de l’éclairage public ciblée par secteur et parrues ainsi qu’en fonction des activités qui s’y déroulent.
Les besoins en matière de réduction de l’éclairage public ne sont en effet pas les mêmes dans les périmètres d’habitation qu’en zone industrielle. En Vieille Ville ou dans le secteur de la Gare, des efforts devraient par exemple être réalisés par les commerçants qui laissent leur vitrine allumée toute la nuit : en plus de consommer inutilement de l’énergie, l’éclairage des vitrines provoque des reflets sur les bâtiments alentours qui nuisent au confort et au sommeil du voisinage. Pour pallier cette situation, les commerces, de même que les entreprises, peuvent équiper leurs éclairages d’un système de programmation qui réduit en parallèle leur facture d’électricité.
Processus en stand-by
Les discussions autour de cette problématique portée par les SID et les autorités communales sont pour l’instant en suspens du fait que la Loi cantonale sur la construction et l’entretien des routes (LCER), dont l’éclairage public constitue un aspect central au niveau de la sécurité (par exemple au niveau des passages pour piétons), est actuellement en cours de révision.
Dans l’attente de son adaptation, il est à souligner que le Canton, avec lequel les SID entretiennent une très bonne collaboration, a également la volonté de diminuer drastiquement à l’avenir la pollution lumineuse. Le projet delémontain, ainsi que l’établissement d’un nouveau règlement communal sur l’éclairage public pourront donc aller de l’avant dès que les
nouvelles bases légales cantonales auront été définies.
Des actions à mener chez soi
En attendant, les SID rappellent que les propriétaires peuvent déjà agir en faveur de la biodiversité et des économies d’énergie en éteignant les éclairages automatiques et autres guirlandes autour de leur habitation dès la nuit tombée : le Défi de ce mois de mai vous présente un certain nombre d’actions que chacune et chacun peut mettre en œuvre au quotidien pour préserver l’obscurité et l’électricité ainsi que les insectes et la petite faune nocturnes.
Contrairement aux idées reçues, il est également important de souligner que le sentiment d’insécurité lié à l’obscurité auprès du public est plutôt subjectif car il a été constaté qu’il n’y a pas de corrélation directe entre l’éclairage et les cambriolages, ces derniers étant majoritairement perpétrés en journée lorsque les personnes sont absentes de leur domicile.
La Voie lactée s’étend
Les SID s’engagent depuis 2015 à diminuer la pollution lumineuse et à réaliser des économies à travers le remplacement complet des éclairages publics par des LED à travers le projet « Voie lactée ». Depuis le vote d’un crédit de chf 1’850’000.- par le Conseil de Ville en décembre 2015, 1'784 points lumineux, sur les quelque 2’500 disséminés en Ville, ont déjà été changés par les SID. Le passage aux LED a permis de réduire la consommation électrique annuelle de 1’000’000 kWh à 450’000 kWh, soit une économie de 550’000 kWh. A noter que près de 1,4 million de francs avaient déjà été investis au 30 avril dernier.
L’éclairage public va poursuivre sa mue avec la 2e étape de « Voie lactée », pour laquelle un montant de chf 1’150’000.- a été accordé le 25 octobre dernier par le Législatif delémontain pour l’assainissement de 550 points lumineux. Environ cent luminaires supplémentaires feront l’objet d’un assainissement dans le cadre de projets de réaménagements routiers qui sont déjà planifiés. Les économies d’énergie réalisées dans cette seconde étape sont estimées à environ 100’000 kWh faisant passer la consommation annuelle totale à 350’000 kWh pour l’ensemble de l’éclairage public, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 100 ménages.
Autant d’économies et de belles nuits étoilées à venir dans le ciel delémontain.