Les défis de la réinjection dans les réseaux électriques
Dans le cadre de la stratégie énergétique 2050, le développement massif de la production d’électricité photovoltaïque à l’horizon 2035 et 2050 est l’objectif principal de production renouvelable. Un tel niveau de production a été atteint que les réseaux électriques sont fortement sollicités et pourraient subir des perturbations. Les Services industriels de Delémont (SID) mettent en œuvre différentes solutions pour garantir la sécurité et la qualité de l’approvisionnement électrique auprès de leurs clients tout en permettant le développement harmonieux des nouvelles installations photovoltaïques.
En 2008, la première centrale photovoltaïque à Delémont a été mise en service dans le réseau. Seize ans plus tard, le nombre d’installations solaires produisant de l’électricité a augmenté de manière exponentielle à Delémont pour dépasser les 400 à fin 2024. D’une production d’électricité presque marginale, on est ainsi passé, 15 ans plus tard, à une très forte demande de la part des propriétaires intéressés à produire leur propre énergie puis à la consommer de manière autonome.
Quelques chiffres résument cette situation (voir ci-contre) : entre 2008 et 2018, une centaine de nouvelles installations photovoltaïques (PV) ont été construites à Delémont, soit en l’espace de dix ans. En 2023, ce sont également 100 nouvelles installations qui ont été mises en service sur une seule année.
Réseaux sous haute tension
Les propriétaires peuvent aujourd’hui autoconsommer leur production puis réinjecter le surplus d’électricité de leur installation PV dans le réseau électrique. Celui-ci a été conçu pour transporter puis distribuer les productions centralisées, c’est-à-dire des grandes centrales vers le réseau public jusqu’au consommateur final. Les réseaux électriques doivent actuellement faire face aux productions décentralisées, soit un flux inverse, de l’installation privée en direction du réseau public.
Rouler à contresens sur l’autoroute
Pour simplifier, la réinjection décentralisée peut être comparée à un droit de rouler à contresens sur une autoroute! Des mesures de sécurisation s’imposent.
Pour répondre à ce changement fondamental de paradigme, les SID, à l’instar des autres gestionnaires de réseaux (GRD), se trouvent aujourd’hui confrontés à des défis de planification et de renforcement des réseaux afin de pouvoir reprendre cette énergie. Les SID, qui ont l’obligation légale d’assurer la qualité de tension pour garantir un approvisionnement stable auprès de leurs clients, ont déjà informé l’année dernière les installateurs et les spécialistes du domaine que des projets, en fonction de leur situation en ville, ne pourront plus réinjecter de courant électrique dans le réseau public, ou de façon limitée uniquement.
Il est impératif d’assurer la stabilité du réseau, qui évoluera en fonction des travaux de renforcement, des nouvelles possibilités de gestion intelligente du réseau et des évolutions légales.
Planification améliorée
Face à ces défis, les SID vont mettre en œuvre plusieurs solutions pour assurer le déploiement de la stratégie énergétique 2050, tel que le renforcement des réseaux, qui sont des projets à moyen et long terme, l’écrêtage ou la limitation de réinjection des installations PV. Et à l’avenir, les solutions technologiques offertes à travers la gestion intelligente du réseau électrique (Smart Grid) seront déployées.